Les sites français redoutent plus l'accident industriel que l'attentat terroriste.
Pas de paranoïa, mais plus de caméras. Au lendemain du 11 septembre, les industriels français ont décidé de rattraper leur retard en matière de «sécurité humaine» sur leurs sites. «Après les attentats, nous avons reçu beaucoup d'appels de clients demandant un renforcement des dispositifs existants, confirme Lawrence Canu, PDG de Group 4 Falck, numéro 2 mondial de la sécurité. Mais en fait, globalement, il n'y a pas eu de boom du marché.»
Terrain. Premier réflexe des industriels, mettre plus d'hommes sur le terrain, vérifier plus étroitement les entrées et sorties des sites, en élargissant les horaires de surveillance par des professionnels et en installant systématiquement des badges à l'entrée des tours comme à La Défense. Seul problème, les sociétés de «sécurité humaine» ont eu du mal à suivre l'envolée, faute de pouvoir recruter dans les temps les agents nécessaires. «Dans les semaines suivant les attentats, la demande a bondi de 10 %, explique Olivier Durand, porte-parole du Snes, Syndicat national des entreprises de sécurité. Seule la moitié de cette demande a pu être satisfaite dans les mois suivants.» Une autorisation préfectorale est nécessaire avant tout recrutement, et ces sociétés n'ont pas toujours suivi le rythme des demandes des professionnels.
Mais la plupart des entreprises n'ont pas attendu le plan Vigipirate renforcé pour investir. Certains secteurs étaient déjà soumis à des règlements de sécurité draconiens particuliers, comme les centres commerciaux ou les IGH (immeubles de grande hauteur.) Le 11 septembre a eu un autre effet. Il a rappelé que pour l'agroalimentaire, comme pour la pétrochimie, la menace numéro 1 peut-être l'«intrusion malveillante», comme l'explique un industriel. Le filtrage et les badges ne sont pas toujours les meilleures armes. La plupart des investissements en sécurité aujourd'hui se font dans des équipements électroniques, comme les systèmes de radar développés par les géants de l'armement comme le français Thalès. Mais plus que le 11 septembre, finalement assez lointain sauf pour les entreprises américaines qui se sont senties directement menacées, même en Europe, c'est l'explosion de l'usine AZF à Toulouse qui a fait bouger les industriels. «Le niveau moyen de protection de nos clients s'est accru», affirme Lawrence Canu.
Révision. Les entreprises françaises craignent aujourd'hui plus l'accident industriel qui ravage une ville que l'attentat terroriste. Les plans de secours ont été révisés sur des sites chimiques, le sauvetage des données informatiques est devenu une priorité, des banques ont même prévu la création de toutes pièces de salles de marché bis qui puissent prendre le relais en cas de grosse catastrophe. Et la téléconférence a connu un essor inédit, selon France Télécom. Pour éviter de faire prendre l'avion trop souvent aux top managers.
Muriel GREMILLET
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